Les contraceptions masculines

La vasectomie est la méthode de référence en matière de contraception masculine, mais il existe des alternatives :

La contraception hormonale et la contraception thermique.

Couple au lit

LA CONTRACEPTION MASCULINE HORMONALE

La méthode de contraception hormonale est une méthode validée par l’Organisation Mondiale de la Santé.

Le principe

L’apport de testostérone exogène à des doses importantes bloque le fonctionnement des testicules et donc la spermatogenèse par l’intermédiaire de l’hypophyse.

modalités pratiques

On injecte 200 mg d’énanthate de testostérone (0,8 ml Androtardyl®) en intramusculaire profonde, une fois par semaine. Avant la mise en place de la contraception, une consultation médicale avec un expert de la contraception masculine est obligatoire pour éliminer les contre-indications et réaliser un bilan biologique indispensable.

Contre-indications

Ces injections sont contre-indiquées dans le cas de patients fumeurs, souffrant d’apnée du sommeil ou d’antécédents directs du cancer de la prostate. Les anomalies de l’hématocrite (concentration importante des globules rouges) et du cholestérol sont également des contre-indications.

Efficacité

Trois mois après le début de traitement. Après ce délai, 80 % des hommes ont atteint le seuil de contraception, car le nombre de spermatozoïdes, vérifié par spermogramme, diminue en dessous du seuil défini de 1 million de spermatozoïdes par millilitre.

Réversibilité

Trois à six mois après l’arrêt.

Effets secondaires

Plutôt bénins (acné, prise de poids, hématocrite), certains effets indésirables nécessitent cependant l’arrêt du traitement : acné sévère, agressivité, hypersexualité ou encore intolérance aux injections.

EN SAVOIR PLUS

A qui s’adresser ?

www.contraceptionmasculine.fr/contacts/, ou le Docteur Jean-Claude SOUFIR (Secrétariat : 01 58 41 38 65 ou 66), Planning Familial 75 – 10 rue Vivienne – 75001 Paris Permanence contraception masculine le premier samedi de chaque mois.

Les avantages de la contraception hormonale

Méthode entièrement réversible. La production des spermatozoïdes reprend progressivement à l’arrêt du traitement, pour une récupération après 6 mois maximum. La durée maximale de 18 mois ne doit pas être dépassée.

Traitement auto-administré par le patient (ou par sa compagne). La testostérone est administrée sous forme d’énanthate de testostérone, solution injectable huileuse dosée à 2,00 mg injectés en intramusculaire profonde une fois. Il n’y a pas d’oubli possible.

Faible coût. L’énanthate de testostérone, vendu sous le nom d’Androtardyl, n’ayant pas l’autorisation de mise sur le marché (AMM), il n’est pas remboursé dans cette indication. Il est donc « à la charge du patient ». Son prix est cependant modique (8,5 € par ampoule donc environ 30 € par mois).

Effets secondaires : ils sont généralement bénins, mais nécessitent une surveillance : essentiellement de l’acné, une tendance modérée à prendre du poids et une légère augmentation de l’hématocrite.

Lien entre testostérone et prostate : à ce jour, aucune étude n’a montré que l’utilisation de l’énanthate de testostérone dans la population d’hommes 25-45 ans, aurait un effet négatif en matière d’adénome de la prostate.

Inconvénients de la contraception hormonale

Indisponibilité de l’Androtardyl. L’énanthate de testostérone n’échappe pas au problème récurrent de rupture d’approvisionnement.

Un homme sur cinq n’est pas « répondeur » et doit donc envisager une autre méthode de contraception.

Tabac et alcool. Tout comme les femmes sous la pilule, les hommes utilisant cette contraception doivent arrêter le tabac et diminuer leur consommation d’alcool.

Durée totale limitée à 18 mois.

Disponibilité des prescripteurs : il y a peu de prescripteurs, essentiellement dans le secteur public, car le traitement par Androtardyl n’a pas l’autorisation de mise sur le marché dans cette indication ! Le prescripteur n’est donc pas couvert par l’assurance habituelle. De plus, la prescription initiale de l’Androtardyl doit être faite par un urologue, andrologue ou endocrinologue.

LA CONTRACEPTION THERMIQUE

La contraception masculine thermique (CMT) permet l’élévation de la température des testicules avec un dispositif (sous-vêtement ou anneau spécifique) permettant la remontée des testicules dans les canaux inguinaux.

Le principe

La température testiculaire quand il est localisé dans le scrotum est inférieure à celle du corps = 34° C. Il suffit d’augmenter sa température pour réduire la production de spermatozoïdes, mais de manière réversible et sans altérer la virilité.

modalités pratiques

Grâce au port d’un sous-vêtement contraceptif (slip chauffant), les testicules sont remontés et maintenus au niveau inguinal (36°) pour une durée minimale, tous les jours.
En pratique, les études montrent qu’il est nécessaire de porter un sous-vêtement contraceptif au minimum 15 heures/jour.

Contre-indications

Les testicules ectopiques (opérés ou pas), antécédents de torsion de testicules, chirurgie pour hernie inguinale, pathologies cutanées scrotales (mycose, eczéma), torsion du cordon spermatique, varicocèle, obésité.

Efficacité

Des spermogrammes sont passés à 2 mois et demi, puis à 3 mois et demi. Si la quantité de spermatozoïdes est inférieure à 1 million par ml de sperme, alors le seuil contraceptif est atteint. On considère alors que la contraception est acquise, mais doit être vérifiée tous les trimestres.
Le port du sous-vêtement doit être QUOTIDIEN (vacances, week-end, déplacements). Cette technique peut être utilisée pendant une durée de 4 ans en continu.

Réversibilité

En cas de souhait d’enfant, il faut prévoir un arrêt de la contraception thermique 6 mois avant un essai de grossesse : la chaleur induit des anomalies d’ADN et on applique le principe de précaution sur un risque de malformation.

Effets secondaires

Il n’y a aucun effet en matière de taux de testostérone, libido ou érection. Par contre, le port du slip diminue le volume testiculaire de 20 % à 1 an avec une récupération des volumes en 6 à 12 mois.

EN SAVOIR PLUS

A qui s’adresser ?

Dr Roger MIEUSSET, mieusset.r@chu-toulouse.fr

LA VASECTOMIE

La vasectomie est la technique de contraception masculine la plus répandue au monde. On estime à plus de 60 000 000 (probablement près de 100 millions) le nombre d’hommes ayant eu recours à la vasectomie dans un but contraceptif.

Le principe

La vasectomie est une intervention chirurgicale destinée à rendre un homme stérile en sectionnant et en refermant les canaux déférents, c’est-à-dire les conduits qui transportent les spermatozoïdes du testicule vers l’urètre.

modalités pratiques

Pour la section des canaux déférents, il y a deux voies d’abord possibles : la vasectomie classique réalisée par voie ouverte avec une ou deux incisions cutanées ou la vasectomie sans scalpel ( « no scalpel vasectomy »). Quant aux modalités de sectionnement des canaux déférents, et pour empêcher leur « réparation » spontanée, il faut utiliser plusieurs moyens complémentaires : électrocoagulation de la muqueuse associé à l’interposition des fascias. La ligature par clip est déconseillée.

Contre-indications

La vasectomie doit être considérée comme étant une contraception définitive. Tant qu’il y a un souhait, même hypothétique de vouloir des enfants, la vasectomie est contre-indiquée.

Efficacité

L’efficacité n’est pas immédiate. Pour vérifier son efficacité, il faut faire un spermogramme, 3 mois après l’intervention pour vérifier l’absence complète de spermatozoïdes (azoospermie) y compris sur le culot de centrifugation. Les statistiques montrent que la vasectomie est la technique de contraception la plus efficace, à plus de 99,8 %.

Réversibilité

En cas de nécessité (regrets, changement de situation familiale), on peut tenter la chirurgie de réparation (vaso-vasostomie ou vasectomie reverso). Le taux de réussite de vasectomie reverso dépend de l’ancienneté de la vasectomie, de l’âge des deux partenaires, et de l’expérience du chirurgien. Les meilleurs chiffres, donnés par les centres les plus expérimentés, montrent une efficacité de la réparation de près de 80 % et un taux de grossesses de 50%. Quand l’ancienneté de la vasectomie dépasse 10 ans, l’âge de l’homme 50 ans, les résultats s’effondrent.
Il est toujours conseillé de réaliser une conservation de sperme au CECOS.

Effets secondaires

L’absence d’impact de la vasectomie sur le taux de testostérone, la libido, l’érection et les sensations lors de l’orgasme ne sont plus à démontrer. De même, il a été prouvé qu’il n’y a aucun lien possible entre la vasectomie et les maladies de la prostate, notamment le cancer de la prostate.

ANDRO-SWITCH

Inspiré de la méthode thermique, l’andro-switch est un anneau en silicone qui doit permettre de maintenir les testicules à l’entrée du canal inguinal. Il a été fabriqué et mis sur le marché par la société Thorème. Il s’agit donc d’un dispositif médical (DM) destiné à la contraceptive masculine.

EN SAVOIR PLUS

Pourquoi l’Andro-switch a été suspendu ?

Comme tous les DM, il doit avoir obtenu le marquage CE, seul élément permettant d’en garantir l’efficacité ainsi que la sécurité d’utilisation. C’est pourquoi l’ANSM a suspendu la mise sur le marché, la distribution en gros et la détention en vue de la vente ou de la distribution à titre gratuit. L’andro-switch ne doit plus être utilisé. 

Pourquoi les médecins ne doivent-ils plus prescrire, conseiller ou remettre un andro-switch ?

Sur son site : ansm.sante.fr , recommande aux professionnels de santé d’évoquer les risques potentiels liés à l’utilisation de cet anneau. Il pourra néanmoins l’être seulement dans le cadre d’un essai clinique dûment autorisé.